Physiologie du système reproducteur de la jument non gestante
La jument est une polyoestrienne saisonnière, c’est-à-dire qu’elle a plusieurs oestrus successifs pendant une période de l’année et qu’elle a une période de repos sexuel sans oestrus pendant l’autre partie de l’année. Au Québec, dans l’hémisphère nord, la saison sexuelle de la jument s’étend généralement de mars-avril jusqu’à août-septembre.
Le cycle oestral
La durée du cycle oestral peut être défini comme étant l’intervalle entre deux ovulations consécutifs. Le cycle oestral peut aussi être défini selon le processus d’ovulation, c’est-à-dire la phase folliculaire ou oestrus, et la période d’interovulation, c’est-à-dire la phase lutéale ou diestrus.
Lors de l’oestrus, la jument est en chaleur et est sexuellement réceptive à l’étalon. Les follicules se développent et sécrètent des hormones (l’oestrogène). C’est à la fin de cette phase qu’un follicule dit dominant va ovuler (devenant alors un corps jaune produisant de la progestérone).
Lors du diestrus, la jument n’est plus réceptive à l’étalon. Pendant cette phase, il y a deux possibilités :
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Suite à la fécondation, le système reproducteur se prépare pour la gestation
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En l’absence de fécondation, le corps jaune régresse et un nouveau cycle commence.
La durée moyenne d’un cycle oestral chez la jument est de 21-22 jours (variant de 18 à 24 jours). L’oestrus dure entre 4 et 7 jours et le diestrus est généralement constant à 14-15 jours. La durée de l’oestrus peut aussi être plus variable selon la saison, étant typiquement plus longue au début de la saison de reproduction.
De nombreuses hormones sécrétées par le cerveau, les ovaires et l’endomètre sont impliqués dans la physiologie du système reproducteur chez les juments. Ces hormones (mélatonine, GnRH, FSH, LH) s’autorégulent entre elles afin de contrôler le pattern régulier du cycle oestral.
La phase folliculaire :
Lors de cette phase, plusieurs follicules vont se développer dans les ovaires. Un follicule se démarquera et deviendra le follicule dominant. C’est celui-ci qui grossira le plus et finira par ovuler. En général, le diamètre du follicule à l’ovulation est de 30 à 50mm. L’ovulation est spontanée et survient 24 à 48h avant la fin de l’oestrus. Lors de la phase folliculaire, l’oestrogène est sécrétée. C’est cette hormone qui produit les signes de chaleur chez la jument : agitement, vulve gonflée qui clignote, petites mictions fréquentes (urine blanchâtre épaisse), mucus au niveau de la vulve, etc.
La phase lutéale :
Cette phase commence suite à l’ovulation et la formation d’un corps jaune produisant de la progestérone. C’est la progestérone qui provoque la fin des signes de réceptivité sexuelle de la jument. La durée de vie du corps jaune est dépendante de la sécrétion ou non de prostaglandine par l’endomètre de l’utérus. Au bout de 13 à 16 jours post-ovulation, si l’endomètre reconnait la présence d’une gestation, il n’y aura pas de relâche de prostaglandine afin de préserver le corps jaune et la sécrétion de progestérone, essentielle au maintient de la gestation. Si aucune gestation n’est détectée, il y aura alors sécrétion de prostaglandines, destruction du corps jaune et déclin de la progestérone circulante afin de recommencer un nouveau cycle.
Périodes de transition
Étant polyoestrienne saisonnière, la jument passe par des périodes de transition entre ses périodes de réceptivité sexuelle et de repos sexuel. En fait, la physiologie du système reproducteur de la jument peut être divisée en 4 saisons correspondantes aux variations de la durée du jour.
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Pic de fertilité, c’est-à-dire saison de reproduction : correspond aux journées les plus longues de l’année, centré sur le solstice d’été (21-22 juin).
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Période de transition, c’est-à-dire comportement oestral erratique sans ovulation : correspond à la période où les journées et les nuits sont de durées égales, centrée sur l’équinoxe d’automne (21-22 septembre).
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Anestrus, c’est-à-dire repos sexuel : correspond aux journées les plus courtes de l’année, centré sur le solstice d’hiver (21-22 décembre).
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Période de transition, c’est-à-dire comportement oestral long et erratique culminant en une ovulation : correspond au rallongement de la durée des journées, centrée sur l’équinoxe de printemps (21-22 mars).
Environ 15 à 20% des juments ne suivent pas cette cyclicité et cyclent régulièrement toute l’année. De plus, ce cycle de reproduction saisonnier peut varier d’une année à l’autre chez une jument.